Lettre remise à Youri Chassin dans le cadre des journées d’actions sur l’urgence climatique

Simon Chavarie, vice-président externe du SPCSTJ,
a remis la lettre au député de Saint-Jérôme

Saint-Jérôme, le 25 septembre 2020

M. Chassin,

À pareille date l’an dernier, nous étions quelques milliers de citoyen.ne.s réunis devant votre bureau de la rue Saint-Georges. Le but de notre visite était, d’une part, de vous faire part de nos inquiétudes quant au peu d’importance que semblait accorder votre gouvernement à la crise environnementale, en rappelant notamment à quel point cet enjeu crucial occupait une place négligeable dans le corpus de vos promesses électorales, de même que dans le florilège de vos réalisations depuis votre accession au pouvoir. Ensuite, nous avions assorti à ce constat une série de demandes visant à donner un sérieux coup de barre aux errements de votre gouvernement sur cette question, vous invitant du même coup à nous faire parvenir vos réactions.

Depuis, silence radio. En fait, et bien que vous ayez été avisé en amont de notre visite, vous n’aviez pas ce jour-là daigné nous rencontrer, préférant déléguer votre attaché politique. Votre collègue de la circonscription voisine (Labelle), Chantal Jeannotte, a pourtant cru bon, elle, d’ouvrir sa porte aux citoyen.ne.s de sa circonscription l’ayant interpellée. Permettez-nous donc, afin de souligner le premier anniversaire d’une mobilisation historique des citoyen.ne.s de Saint-Jérôme et du monde entier, de vous rappeler ces demandes, et de vous inviter du même coup à assumer vos responsabilités d’intermédiaire entre vos concitoyen.ne.s et le gouvernement en les portant à l’attention des personnes concernées :

Que votre gouvernement…


1.…S’assure, à travers des campagnes de sensibilisation régulières, que lapopulation soit pleinement informée de la gravité des dérèglements climatiques etde l’effondrement de la biodiversité;
2.…Adopte une loi climatique qui force l’atteinte des cibles de GESrecommandées par le GIEC pour limiter le réchauffement du climat à 1,5 degré (leGIEC estime qu’une réduction des émissions nettes de CO2 de 50 % pour 2030et de 100 % pour 2050, accompagnée d’une forte réduction des autres GES,donnerait à l’humanité 66 % de chances d’atteindre cet objectif);
3.…Interdise tout nouveau projet d’exploration ou d’exploitation deshydrocarbures, et qu’il mette un terme à toutes les subventions directes ouindirectes aux combustibles fossiles;
4.…Crée des structures régionales permettant à la population de contribuerà une transition juste porteuse de justice sociale.


Bien sûr, depuis le 27 septembre 2019, le Québec, comme le reste du monde, a été frappé par une pandémie aux proportions inédites pour la plupart d’entre nous. Il va de soi que l’attention et les actions de votre gouvernement aient été toutes tournées vers la gestion de cette crise. De la même manière, il a bien fallu, une fois le pire passé, commencer à penser aux lendemains, et ébaucher un plan capable de remettre la société québécoise sur les rails. Or c’est précisément là où le bât blesse! Parmi toutes les inquiétudes manifestées – à juste titre – par la société civile suite au dévoilement du projet de loi 61 de votre gouvernement, celles qui attiraient l’attention sur le peu de place laissée aux enjeux environnementaux (on n’a qu’à penser au troncage des processus d’évaluation environnementale, par exemple) n’étaient pas les moindres!

Si la situation qui prévaut actuellement, un an après notre rendez-vous manqué, ne laisse que bien peu de place à l’optimisme, l’occasion, elle, n’en n’est que plus belle de mettre en place des mesures environnementales profondes, structurantes et sans cesse plus urgentes. Le Québec vous a renvoyé à la table à dessin, ne serait-il pas judicieux, cette fois, de tenir compte des préoccupations légitimes de la population? Doit-on, à ce titre, vous rappeler que c’était d’ailleurs déjà le souhait émis par une majorité de Québécois.e.s, si l’on se fie à un sondage publié1 au moment même où vous rendiez public le projet de loi 61?

En terminant, nous vous invitons à regarder autour de vous. Des États saisissent l’opportunité historique qui leur est présentée en intégrant dans leurs plans de relance des mesures visant à atteindre, dans les temps impartis, les cibles du GIEC. Ce faisant, ces États s’inscrivent en faux de l’idée trop répandue selon laquelle une économie vigoureuse et des politiques environnementales sérieuses seraient antinomiques. Regarderez-vous encore passer le train – électrique, cela va de soi! – ou déciderez-vous enfin de donner à l’avenir de la planète la place qu’il mérite et exige?

Nous demeurons toujours disponibles aux coordonnées suivantes :


Syndicat des professeur.es du Cégep de Saint-Jérôme
455, rue Fournier
Bureau A-001
Saint-Jérôme (Québec) J7Z-4V2
Ou par courriel à syndprof@cstj.qc.ca
En espérant que vous saurez donner à ces enjeux toute l’attention qu’ils méritent, veuillez accepter nos salutations,


Syndicat des professeur.es du Cégep de Saint-Jérôme